Le skate à Roland-Garros : une première très réussie

© SLS / FrayMédia Skate Excellence

La Street League Skateboarding (SLS) faisait étape ce week-end à Paris. Et pas n’importe où : dans le mythique stade Suzanne-Lenglen, à Roland-Garros.
MORDU ETAIT SUR PLACE POUR UNE Interview exclusive de Cédric Fray, organisateur de l’événement

Salle comble, ambiance de dingue

Dès qu’on pénètre dans le Lenglen, la claque : 9 000 personnes debout, ambiance de finale, pour des billets vendus entre 45 € et 220 €.
C’est fort. Parce que, soyons honnêtes : le skate est un sport hyper connu, mais encore peu pratiqué et peu médiatisé en France.

Officiellement, on compte 5 000 licenciés et environ 200 clubs affiliés à la Fédération Française de Roller et Skateboard (FFRS). Une portion congrue au regard des 65 000 licenciés de la fédé. Mais comme pour le surf, la plupart des pratiquants évoluent hors club, sans licence. Les estimations tournent autour de 500 000 skateurs réguliers en France.

Et pourtant, ce week-end, le Lenglen affichait complet.
Sur le park, les runs des Français Aurélien Giraud et Vincent Milou, la star américaine Nyjah Huston, le Japonais Yuto Horigome, ou encore la prodige japonaise Aoi Uemura, qui remporte cette édition chez les femmes.
Et dans les tribunes une foule jeune et stylée et … Valérie Pécresse, la présidente de la région IDF ou Laura Flessel, l’ex-ministre des sports et membre à part entière de l’équipe organisatrice.
On est loin de l’ambiance canettes de bière, urine de canidés et poussière urbaine du feu skatepark de Bercy que j’ai longtemps fréquenté, fermé depuis plusieurs années et promis à une renaissance en 2026 sous le nom “EGP 12”.

Chloe Covell © SLS / FrayMédia Skate Excellence

Pourquoi Roland-Garros ?

Ce choix de lieu ne doit rien au hasard.
La Fédération Française de Tennis (FFT) cherche à ouvrir Roland-Garros à d’autres sports et événements, notamment depuis la création du court couvert Suzanne-Lenglen.
Le skate, discipline olympique depuis 2021, offre une image jeune, créative, spectaculaire — pile ce que la FFT veut insuffler dans ses “entre-saisons”.

Et le pari est gagnant : du monde dès les qualifs de l’après-midi, une ambiance rarement vue ici hors quinzaine de Roland, et une production à l’américaine signée SLS, avec écran géant, musique live et runs millimétrés.

Pour cette édition 2025, la capacité a même été augmentée à 9 000 spectateurs, contre 6 000 l’an dernier à l’Adidas Arena. Une hausse de 50 % qui témoigne du potentiel du skate-spectacle à la française.

Vincent Milou au SLS 2025 © SLS / FrayMédia Skate Excellence

Vincent Milou, la victoire à domicile

Il fallait bien ça pour rendre la fête parfaite.
Devant la foule très très chaude, une ola est même partie, le Français Vincent Milou a décroché la victoire sur le court Suzanne-Lenglen. Un triomphe à domicile pour le rider landais, déjà finaliste des JO de Tokyo et figure incontournable du skate tricolore.

Sa victoire face aux stars mondiales du circuit — Nyjah Huston ou Yuto Horigome, passé à côté de sa finale - a fait exploser Roland-Garros. Milou a su résisté à la pression, alternant isolement avec écouteurs et serviette sur la tête, et magnifique relâchement pour claquer des tricks de haut-vol.

Au-delà du palmarès, c’est tout un symbole : un rider français qui s’impose dans l’un des lieux les plus iconiques du sport mondial, devant un public conquis.
Une victoire historique pour Milou, et une confirmation que la France s’affirme désormais comme une scène majeure du skateboard international.

Le podium Homme de la SLS 2025 à Paris © SLS / FrayMédia Skate Excellence

🎙️ Interview – Cédric Fray, l’homme qui a fait rider Roland-Garros

« Construire un skatepark à Roland-Garros, c’était un rêve. Une consécration »

Cédric Fray, CEO Fondateur de Fray Media

Cédric Fray, fondateur de Fray Media, est un des piliers derrière l’organisation de la SLS Paris. Son agence, spécialisée dans le marketing sportif, est à l’origine de l’organisation de la SLS Paris 2025, en partenariat avec Thrill Sports et la Street League américaine.

Un rêve devenu projet concret

Tout a commencé après la première édition à l’Adidas Arena, juste avant les JO de Paris.
« On avait déjà prouvé qu’on pouvait mobiliser du public, respecter les infrastructures et créer une vraie expérience. »
Quand la FFT a cherché à diversifier Roland-Garros avec des événements hors tennis, l’alignement d’idées était parfait. Et le court Suzanne-Lenglen, désormais couvert, cochait toutes les cases.
Résultat : un skatepark de 800 m², construit en cinq jours, dans un lieu mythique du sport français.

Une équipe soudée et passionnée

Derrière l’exploit, près de 200 personnes mobilisées et une équipe soudée :
« Chez Fray Media, cinq personnes bossent à l’année sur le projet, mais sur place, c’est une vraie fourmilière. »
Cédric cite ses associés — Laura Flessel, Richard Hullin, Jérémie Grynblat et Pierre Burgeot — comme des piliers :
« On est hyper complémentaires : Jérémy connaît les codes du skate, Laura apporte son regard d’ancienne ministre des Sports, et nous, on apporte la touche marketing et événementielle. »

Garder la culture skate

Le secret du succès selon lui ?
Rester fidèle à la culture skate tout en l’ouvrant à un nouveau public.
« On garde l’esprit cool : des prix accessibles, des espaces libres, du respect mutuel entre riders, marques et spectateurs. »
Et ça marche : 10 000 personnes dans les gradins, des riders ravis et une ambiance digne d’un concert.

Un impact durable

Au-delà du show, Cédric espère un effet d’entraînement :
« S’il y a des événements comme ça, ça donne envie aux jeunes de s’y mettre, et aux collectivités de construire plus d’infrastructures. En Île-de-France, il y a déjà 60 skateparks, mais il faut entretenir cette dynamique. »

« Ce qu’on veut, c’est garder des étoiles dans les yeux — et faire grandir la scène skate française »

Un event sold-out © SLS / FrayMédia Skate Excellence

Une culture qui déborde de son bowl

Le skate, ce n’est pas qu’un sport : c’est une culture visuelle et stylistique qui a contaminé le cinéma, la mode et même le luxe.
Des films comme Kids, 90s ou Lords of Dogtown ont façonné l’imaginaire des quadras and co. La très cool série Betty qu’on vous recommande chaudement (Tony Hawk y fait une apparition) a su prendre le relais et touché les générations plus jeunes.
Les marques de skate ont inspiré les créateurs — de Supreme à Palace, de Vans à Carhartt — avant d’être récupérées par les géants du luxe comme Louis Vuitton, Dior ou Balenciaga, qui multiplient les clins d’œil à la culture street.
Aujourd’hui, les skateurs défilent sur les podiums et tournent dans les campagnes, sans renier leurs origines.
C’est tout le paradoxe de cette esthétique née sur le bitume : underground, libre, mais universellement désirable.

Du PARK au business

Longtemps marginal, le skate a su sortir de la rue pour devenir une véritable industrie, sans perdre son âme.
Des circuits pro structurés comme la SLS, des JO qui légitiment la discipline, des marques qui vendent à la fois du matos, du lifestyle et une philosophie de vie.
Ce qui était perçu comme un “délire d’ado” dans les années 90 est aujourd’hui un business global de plusieurs milliards de dollars.
Mais au cœur de tout ça, les mêmes valeurs demeurent : créativité, liberté, entraide et ride avant tout.
Le skate a simplement appris à se professionnaliser sans se trahir

© SLS / FrayMédia Skate Excellence

Le skate en chiffres

À l’échelle mondiale, le marché du skateboard pèse environ 3,5 milliards de dollars, en croissance de 3 à 4 % par an. Les États-Unis et le Japon dominent le circuit pro, mais la France voit émerger une nouvelle génération de riders, boostée par la visibilité des JO de Paris 2024 — où Yuto Horigome (Japon) a remporté l’or, devant Jagger Eaton et Nyjah Huston

© SLS / FrayMédia Skate Excellence

ALORS, C’ETAIT COOL?

Roland-Garros a réussi son pari : faire vibrer la terre battue au rythme des trucks et des boards.
Une arène pleine, des runs de haut vol, un public conquis.
Et surtout, un symbole fort : le skate s’installe dans les lieux qui comptent.
Pas juste comme une discipline de rue, mais comme une culture complète — sport, art, business et lifestyle

Liens et références

Street League Skateboarding – Édition 2025

Fédération Française de Roller et Skateboard

EGP 12 – futur grand skatepark parisien (Ville de Paris)

Grand View Research – Skateboard Market Report 2024

WHAT’S NEXT

📍 Prochaine étape du circuit : le SLS Takeover Las Vegas, le 25 octobre, avant la Super Crown 2025 à São Paulo les 6 et 7 décembre.

A ECOUTER SUR MORDU

👉 On a déjà fait plusieurs épisodes très cool sur le skate et le BMX sur Mordu !

  • L’épisode avec le skate marseillais le plus chaud du Prado : Vincent Matheron

  • Le boss du BMX Français Matthias Dandois était venu nous voir en studio pour un épisode exceptionnel

  • Et un oldie qui n’a pas pris une ride, cet épisode de Culture M spécial Quadra, pour les daron.ne.s qui vont se chauffer pour retourner sur park - allez on vous le remet là :

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